Karim, Adrien, Tristan, Joel ainsi que Matthew ont entre 16 et 21 ans. Ils ne se connaissent pas et viennent d’horizons divers. Mais ils ont un point commun: l’absence physique ou émotionnelle de leur père et le désir de le retrouver. Le réalisateur accompagne ces témoins dans leur quête. Filmés caméra à l’épaule au plus près de leurs émotions, ils dévoilent l’angoisse, le vide mais aussi l’espoir et la chance de la situation. Grandir sans figure paternelle est un travail de longue haleine. Ils doivent combler ce manque en se fabriquant plus que d’autres leurs propres images, réelles, imaginaires ou virtuelles. Cette recherche du père et la construction de ces repères a le goût d’un voyage initiatique. Elle leur permet de tourner la page de l’enfance et d’entrer ainsi dans le monde des adultes. Avec «Le souffle du désert » (2005), François Kohler explore avec succès l’identité masculine sous toutes ses formes. Avec «Cher Monsieur, Cher papa » (2008), il prend cette fois le point de vue des jeunes et se penche sur le lien au père et la construction identitaire. Dans ces deux films, le réalisateur adopte une démarche intimiste et émotionnelle qui met à nu ses interlocuteurs. Ce travail narratif n’empêche nullement le réel d’exploser, de se livrer comme au premier jour. Les barrières entre réalité et fiction s’estompent.